La dépression estudiantine : on en parle ? 

Il est devenu rare de parcourir les réseaux sociaux ou encore de discuter avec des gens, sans que ce mot ne revienne : « dépression ». Mais qu’est-ce que c’est au juste ? 

La dépression est un trouble mental courant qui affecte profondément la façon dont une personne pense, ressent et agit. Elle se caractérise par une humeur persistante de tristesse, de désespoir ou de perte d’intérêt pour les activités habituellement appréciées.  

Un des constats récurrents des enquêtes sur l’état de santé des étudiant(e)s universitaires est la forte prévalence de dépression et de troubles anxieux au sein de cette population. 

D’ailleurs, en Afrique, l’une des rares études sur la question a été réalisée par les étudiants de la faculté des sciences de santé de Cotonou (FSS). En effet, un échantillonnage probabiliste a été réalisé sur un échantillon de 766 sujets.  

 L’âge moyen des sujets enquêtés était de 20,2 ans plus 2,32, avec des extrêmes allant de 16 à 35 ans. La prévalence des troubles dépressifs chez les étudiants était de 55,9%. Résultat des courses, La prévalence des troubles dépressifs chez les étudiants à la FSS de Cotonou est deux fois plus élevée par rapport à la population générale. 

La dépression peut avoir différentes formes. Mais chez l’étudiant en général, les facteurs pouvant déclencher ces troubles mentaux sont circulaires. 

La pression sociale : en partant étudier loin de sa ville d’origine, les étudiants s’éloignent en même temps de leur système de repère familial et social. Avoir faire face à un nouveau système de valeur et à un nouvel environnement social peut donc être une cause de stress et de doute chez les étudiants. En cas d’échec d’intégration dans le milieu étudiant et sans aucun ami ou activité sociale, un étudiant peut vite se sentir isolé et perdre confiance en lui. 

 C’est ce par quoi est passé Ruth (nom d’emprunt), étudiante gabonaise en Turquie qui a décidé de garder l’anonymat. « J’ai commencé à vivre la dépression à l’étranger. J’étais loin de ma famille, de mes amis, de tout ce qui me rattachait à ma culture. Face à certaines difficultés, alors que j’étais loin de mes proches, c’est là où ma phase dépressive s’est enclenchée. Je n’avais personne pour m’aider en cas de besoin à l’étranger, j’avais envie de rentrer au bout d’un moment. Sauf que derrière la famille attendait beaucoup de moi. J’ai craqué, et j’ai perdu le gout de tout ». 

Un témoignage glaçant, dont les raisons évoquées pourraient se greffer à liste exhaustive des causes de ce fléau. D’autre part, on a le manque ou l’absence de contrôle sur sa vie : il peut arriver que des étudiants se retrouvent dans une filière qui ne leur correspond pas ou dans une filière qu’ils ont l’impression de ne pas avoir vraiment choisie.  

Autre point à souligner, un rythme de sommeil perturbé par les fêtes ou le travail de révision tard le soir, de mauvaises habitudes alimentaires, le manque de sport et d’exercice physique, la consommation de drogue et/ou d’alcool sont autant de raisons et de causes qui peuvent conduire à la dépression chez les étudiants. 

Ces formes de dépressions ont pour effet domino sur cette frange de la société une tristesse persistante, une perte d’intérêt pour les activités, une fatigue accrue, des troubles du sommeil, une diminution de l’appétit, des difficultés de concentration, des sentiments de culpabilité ou d’inutilité, des pensées suicidaires ou encore abandon scolaire.  

La gestion de ce trait de caractères en Afrique est différente des autres régions du monde. En Afrique, la dépression et les troubles mentaux sont mal compris, stigmatisés, étouffés par les familles. En général dès l’apparition de certains symptômes dépressifs, les familles plus regardantes, suggéreront un recours à des croyances culturelles avant le choix de l’hôpital.  

Les besoins ont beau être immenses, les troubles mentaux restent les parents pauvres des politiques de santé publique sur le continent.  

À l’échelle mondiale, le nombre médian de personnels soignants travaillant dans le secteur de la santé mentale pour 100 000 habitants a légèrement augmenté, passant de neuf agents de santé en 2014 à 13 agents de santé pour 100 000 habitants en 2020.  

Des chiffres catastrophiques vu les urgences de l’heure. Selon l’Organisation panaméricaine de la santé (OPAS 2019), environ 12 000 jeunes âgés de 15 à 24 ans meurent chaque année par suicide sur le continent américain, ce qui en fait la troisième cause de décès.  

Une situation qui devrait vraiment interpeller les autorités en charge de ces questions. Car, il est essentiel de disposer de services de conseil et de soutien psychologique sur le campus des universités avec des professionnels qualifiés tels que des psychologues ou des conseillers en santé mentale. Ces services peuvent offrir des séances de thérapie individuelle, des groupes de soutien ou des interventions de crise en cas de besoin.  

Aussi, des programmes de sensibilisation et d’éducation sur la santé mentale peuvent être mis en place pour informer les étudiants sur la dépression et d’autres troubles mentaux, réduire la stigmatisation et promouvoir des comportements sains en matière de santé mentale. Cela peut inclure des ateliers, des conférences, des campagnes de sensibilisation ou des événements axés sur la santé mentale.  

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