La famille Faye Sall qui contrôle l’administration et les affaires goûte à la malédiction du gaz naturel depuis le premier juin A force de vouloir réduire l’opposition à sa plus simple expression, Macky Sall saborde les bases économiques et institutionnelles du pays de la Teranga

Questekki 358 du mardi 6 juin 2023
Dossier Ressources naturelles : Le Sénégal peut-il éviter la malédiction du gaz naturel ?

Depuis jeudi premier juin, une spirale de violence s’est emparée du pays de la Teranga, 17 morts, des centaines de blessés et plus 500 arrestations. C’est la réaction à la condamnation de Sonko, le Président du Parti Pastef par le tribunal de Dakar dans un procès à l’allure manifeste d’un complot d’Etat maladroitement orchestré. Cette affaire a tenu en haleine le pays depuis 2021.

Pourquoi une affaire en apparence privée a pu précipiter le pays dans le chaos : la peur s’est installée et l’économie s’est arrêtée ? Une des raisons est la découverte d’un gisement important de gaz naturel en 2015 dont l’exploitation va démarrer en 2024 par BP et Kosmos. Kosmos a raflé la mise à
Tullow Oil par l’entremise de Franck Timis et Aliou Sall le frère du Président Macky Sall. C’est un deal sulfureux à dix milliards de dollars selon la BBC.

 
La conséquence politique est que Macky Sall a renoncé à toutes ses promesses de renforcement institutionnel du Sénégal, de réduire son premier mandat de 7 à 5 ans  t de se limiter à deux mandats comme Buhari du Nigeria. Il veut garder la haute main sur le gaz du Sénégal et éviter toutes
poursuites judiciaires au Sénégal et aux États Unis.
Pour cela, il a décidé de réduire l’opposition à sa plus simple expression et de dompter toutes les ambitions présidentielles de sa coalition BBY au pouvoir. Ainsi, il deviendrait de facto le seul homme politique du Sénégal pour diriger le pays et multiplier les mandats à l’infini, sans doute, en attendant que son fils Amadou qu’il initie aux affaires, se fasse la main. C’est le projet d’émirat gazier qu’il
poursuit méthodiquement et sans état d’âme.
Avec Sonko, il est tombé sur un os dur à avaler. Son régime de prédateurs va-t-il sortir indemne de ce bras de fer avec la jeunesse en révolte contre le chômage, la vie chère, la corruption, la vie ostentatoire des chefs de BBY, la manipulation de la justice.
Le verdict injuste prononcé contre Sonko est l’élément déclencheur. Les Étudiants ont brûlé symboliquement la faculté de droit de l’Université de Dakar, pour dire qu’il n’y a ni droit, ni justice dans ce pays. Si rien n’est fait, c’est l’Etat républicain qui sera menacé. C’est cela la malédiction du
gaz.

Dossier nouveau: Le coût économique de vouloir réduire l’opposition à sa plus simple expression est exorbitant, Monsieur Macky Sall

Je me  garderai bien d’estimer après 6 jours d’émeutes dans le Sénégal l’impact économique. Outre les destructions des édifices publics, des stations-services, l’arrêt du TER, du transport public DDD, la fermeture des commerces, le ralentissement du travail des banques et des sociétés de
télécommunications, il y a l’impact sur les relations extérieures.
Le PIB journalier du Sénégal est en moyenne de 60 milliards, 48 milliards pour la Région de Dakar. Et
ce sont les travailleurs des secteurs moderne et informel qui sont en train de payer le prix fort. Les bourgeois prédateurs de BBY ont de quoi manger et boire. Et au pire, ils peuvent aller à Dubai, au Maroc, en France ou au Canada où ils ont des pieds à terre.
Au vu de tout cela , des morts, des blessés, des arrestations et du stress infligé aux populations appauvries par Macky Sall, quel est le sens de vouloir réduire l’opposition à sa plus simple expression, le Pastef notamment, en mettant en œuvre un complot de bas étage qui a tourné court. Le juge au
vu des faits a humilié le parquet et ses chefs politiques de BBY.
Macky Sall se tourne vers Poutine pour le soutenir et s’en inspirer. Le problème, c’est que la jeunesse a compris et elle n’est pas d’accord. Il reste les syndicats de travailleurs pour sauver la démocratie et la république du Sénégal par le haut, s’ils acceptent d’en finir d’écouter la jeunesse.

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